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Le Mind Mapping en pratique

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Le Mind Mapping en pratique

Avec ce cours, nous allons parler de mémorisation, mais surtout voir trois exemples d’application de la technique du Mind Mapping : des notes à partir d’une source écrite (un livre), une fiche pour expliquer et mémoriser un texte (un poème), un plan de dissertation (plan dialectique).

 

Prérequis :

  1. Mythes et Mind Mapping
  2. L’utilité du Mind Mapping
  3. Principes généraux du Mind Mapping

 

1. La prise de notes à partir d’une source écrite (un livre)

Lorsque des apprenants et décideurs me contactent pour les aider à mémoriser du contenu parce qu’ils éprouvent quelques difficultés, l’anamnèse (= leur histoire personnelle) et l’entretien d’explication mettent très souvent en relief le fait qu’ils ne font qu’un tiers du travail : lire.

Le second tiers est bien entendu de produire un travail personnel à partir de ses lectures, qui peut se faire de nombreuses manières dont le Mind Mapping.

Je ne vais pas détailler le processus parce que ce serait trop long. En voici un résumé.

J’ai pris pour exemple l’un de mes livres sur le raisonnement, et plus particulièrement le raisonnement mathématique : Mathematical Reasoning, Raymond S. Nickerson, Psychology Press, 2010

 

 

1.1. Faire le sommaire général

Le cerveau étant un détecteur et concepteur de structures, de patterns, on peut l’aider en mémorisant ceux-ci lorsqu’ils sont disponibles. Voilà pourquoi il faut mémoriser le sommaire, pas forcément par répétition verbale à l’identique parce que l’objectif est de connaître le cheminement de l’auteur, les relations entre les sujets abordés.

Illustration 1 : sommaire de Mathematical Reasoning, Raymond S. Nickerson, Psychology Press, 2010

 

1.2. Faire le sommaire de chaque partie

Le livre que j’ai pris pour exemple est organisé en 17 parties, et chaque partie est organisée en sous-parties. J’ai choisi ici de publier le sommaire de la 6è partie : Informal Reasoning in Mathematics (p.137-160)

 

Illustration 2 : le sommaire de la 6è partie

 

1.3. Faire le résumé de chaque sous-partie

Comme on l’a vu avec l’illustration 2, la 6è partie (Informal Reasoning in Mathematics) est subdivisée en 7 parties. J’ai choisi de publier la 5è partie : Strategies and Heuristics.

Comme les subdivisions de la 6è partie (Strategies and heuristics) ne présentent pas un volume de données trop important, je ne fais pas d’autres sommaires. On arrête ici la granularité du Mind Mapping.

Illustration 3. Partie 6.5. : stratégies et heuristiques

 

On notera que j’ai fait figurer en rouge le titre de chaque subdivision, et en bleu un mot ou groupe de mots qui me sert d’inducteur. Avec de l’entraînement, cela suffit pour mémoriser. Finalement, pour réaliser cela, on reprendra le principe de la phrase : thème (ce dont on parle) et prédicat (ce que l’on dit du thème).

Et lorsqu’on fait une conférence, un cours ou toute autre intervention orale, on ne conservera que la partie rouge et bleue. L’étape suivante étant de ne pas avoir de notes, mais de tout lire dans sa tête, ce que réalisent certaines personnes naturellement, mais que d’autres peuvent faire avec une formation adéquate (très longue et technique) aux images mentales.

Enfin, à la place des mots en rouge et bleu, on peut mettre des images, mais pour des raisons de droits d’auteur, je ne les fais pas figurer sur le site.

 

 

2. Faire une fiche pour expliquer et mémoriser un texte

Pour mémoriser facilement (facilité ne signifie pas sans travail !) un texte, peu importe sa longueur ou ses autres caractéristiques, il faut découvrir son sens et sa structure, mais aussi ressentir les émotions, les sentiments.

Pourquoi découvrir le sens ? Parce que quelque chose de nouveau fait sens si on peut le raccrocher à quelque chose d’ancien, c’est-à-dire à quelque chose qui est déjà présent dans les mémoires à long terme. Comme en cherchant le sens on effectue un lien entre le nouveau (ce qui est à apprendre, à mémoriser) et l’ancien (ce qui est déjà mémorisé), on effectue une association. La mémoire fonctionne par associations.

Pourquoi découvrir la structure ? Parce que la structure est un moyen mnémotechnique très efficace. Lorsqu’on dit premièrement, deuxièmement, troisièmement ou d’abord, ensuite, enfin, on utilise en fait un moyen mnémotechnique sans le savoir. Si on consacre du temps à comprendre les articulations d’un texte, cela aide non seulement à comprendre le texte, mais aussi à le réciter fidèlement, mot pour mot. Notons qu’il faut prendre le sens large du mot structure. Par exemple, tout texte, y compris en prose, a une structure rythmique. Le rythme est l’un des moyens mnémotechniques pour mémoriser un objet.

Pourquoi ressentir les émotions, les sentiments ? Emotions et sentiments ne sont pas synonymes pour la psychologie et la biologie, mais on est ici pour parler du Mind Mapping, aussi ne va-t-on pas les différencier. Emotions et neurotransmetteurs sont liés ; une activité chimique qui facilite la mémorisation à long terme. Sur un plan plus pratique, il faut noter que toutes les bonnes écoles de théâtre et de cinéma enseignent à gérer les émotions. Les auteurs de Littérature sont également de grands émotifs, comme de nombreux savants et autres personnes aux bonnes facultés de mémorisation.

2.1. Paysage Polaire

Comme j’ai été professeur de Français dans ma première vie, je me suis permis de partager avec vous un Poème Barbare d’un auteur que j’aime particulièrement : Leconte de Lisle.

 

PAYSAGE POLAIRE

 

Un monde mort, immense écume de la mer,
Gouffre d’ombre stérile et de lueurs spectrales,
Jets de pics convulsifs étirés en spirales
Qui vont éperdument dans le brouillard amer.

 

Un ciel rugueux roulant par blocs, un âpre enfer
Où passent à plein vol les clameurs sépulcrales,
Les rires, les sanglots, les cris aigus, les râles
Qu’un vent sinistre arrache à son clairon de fer.

 

Sur les hauts caps branlants, rongés des flots voraces,
Se roidissent les Dieux brumeux des vieilles races,
Congelés dans leur rêve et leur lividité ;

 

Et les grands ours, blanchis par les neiges antiques,
Ca et là, balançant leurs cous épileptiques,
Ivres et monstrueux, bavent de volupté.

 

LECONTE DE LISLE

 

Un petit aparté : je rappelle que tout est lié, rien n’est isolé. Ainsi, lorsqu’on fait du Français, on fait aussi des Mathématiques (expression linguistique = expression algébrique), de la psychologie clinique et comportementale (les auteurs sont de fins psychologues) ou de la logique (etc.) et inversement.

 

2.2. Expliquer la structure du poème

L’illustration suivante, présente sous forme de schéma heuristique la structure du poème ainsi que des indications pour l’étudier en détail. Cela sert aussi de résumé.

Illustration 4. Structure de Paysage Polaire

 

2.3. Les mots clefs pour se souvenir du poème

S’il existe un certain nombre de consignes à respecter pour mémoriser (fidèlement ou dans les grandes lignes) tout type d’item, chaque type d’item entraîne également des consignes spécifiques.

Ainsi, lorsqu’on veut mémoriser un poème (ou une pièce de théâtre, un discours, etc.) fidèlement, alors il n’existe qu’un seul moyen : mémoriser fidèlement ! Connaître le sens et la structure du texte, ou gérer les émotions sont des aides précieuses qui ne peuvent se substituer à la répétition verbale.

Mais en matière de répétition verbale, il existe différentes stratégies et moyens, plus ou moins adaptés à tel ou tel individu, et qui n’entrent pas dans le cadre du cours sur le Mind Mapping. J’ai déjà assez digressé sur la mémorisation.

Donc, une fois que le texte (ici, le poème, un sonnet marotique) a été fidèlement mémorisé par le surapprentissage (passer 50% de temps en plus à mémoriser lorsqu’on ne fait plus aucune faute), on peut faire un autre Mind Map© qui comportera uniquement quelques mots clefs et qu’on n’aura qu’à relire de temps en temps (selon les capacités individuelles) pour s’en souvenir.

Illustration 5 : les mots clefs

Note : ces mots clefs sont en relation avec l’illustration 4, et sont également choisis pour leur puissance évocatrice (images mentales), leur position dans les vers et les champs lexicaux. On peut cependant se passer des mots suivants : immense, ombre, enfer.

 

 

3. Un plan de dissertation en Mind Mapping

Je ne rappellerai pas combien la dissertation, surtout philosophique, contribue grandement à développer le raisonnement comme à structurer la pensée. Et la Philosophie, discipline de l’étonnement, conduit tout naturellement à la Psychologie comme aux autres Sciences.

Je m’appuie beaucoup sur la dissertation pour la stimulation cognitive, parce qu’il s’agit d’un exercice très complet : langage, logique et culture sont constamment mobilisés.

Les élèves et étudiants retrouvent la dissertation dans de nombreuses matières : Français, Philosophie, Histoire, Culture Générale, Economie, S.V.T., Droit, Sociologie, etc.

Cet exercice est également présent dans de nombreux concours, même si petit à petit, il perd son importance.

Notons que dans le système américain, la Doctoral Dissertation est un document technique qui doit faire état de travaux novateurs dans le domaine du doctorant, et participe pour partie à l’obtention de son PhD alors que la Masters Thesis est une thèse de Masters Degree dont l’objet est d’analyser les travaux d’autrui. Et dans le Secondaire, la dissertation est un essay.

Mais qu’est-ce que disserter ? Disserter vient du latin dissertare, qui signifie débattre. Une dissertation a donc pour objet de débattre d’un problème (que l’on appelle problématique parce que c’est plus long et ça fait plus « versé dans les arcanes ») que pose un thème, un sujet.

La dissertation a donc pour objet d’établir un débat fictif entre plusieurs points de vue, que l’on appelle thèses. Chaque thèse s’appuie sur des arguments (ce mot n’est pas réservé qu’à l’argumentation, puisque les mathématiques et l’informatique l’utilisent aussi), et chaque argument doit s’appuyer sur des exemples.

Le modèle de plan sous forme de Mind Map© que je présente ci-après est appelé « plan dialectique » parce qu’il établit un dialogue entre trois thèses que l’on nomme thèse, antithèse et synthèse. Ce type de plan n’est pas le seul possible, mais c’est sans doute le plus célèbre, le plus académique. C’est le plan des philosophes.

Contrairement à ce que croient beaucoup d’apprenants, l’antithèse n’est pas une antithèse parce qu’il ne s’agit pas de contredire la thèse. Cette confusion est une importante source d’erreur. En réalité, l’antithèse est une alter-thèse, une autre thèse. Il ne s’agit donc pas de dire « blanc » d’un côté et « noir » de l’autre, mais de dire que les arguments d’un débatteur qui défend une thèse présentent quelques faiblesses de nature à amoindrir la pertinence de celle-ci, et on va le souligner avant d’avancer les arguments que pourraient tenir un autre débatteur que l’on fait intervenir fictivement.

Voilà pourquoi, et contrairement à ce que font beaucoup d’apprenants, le meilleur schéma du plan dialectique est le suivant : antithèse, thèse, synthèse et non thèse, antithèse, synthèse. En effet, il est beaucoup plus habile de présenter d’abord la thèse (l’antithèse) que l’on va ensuite réfuter (la thèse) avant de dépasser cette contradiction apparente (la synthèse, du grec syn qui signifie lier, avec) et établir une autre Vérité. En tout cas, cela a parfaitement réussi à tous les apprenants que j’ai accompagnés dans la préparation à leurs concours respectifs.

Comme la dissertation (qui se décline dans le monde professionnel sous plusieurs formes, comme la conduite d’un projet) est par essence un exercice qui nécessite de parfaitement structurer sa pensée, il n’est pas étonnant que le Mind Mapping y trouve toute sa place.

Ainsi, après avoir défini le problème particulier que pose le thème grâce aux différentes techniques que l’on connaît, on peut dessiner le schéma heuristique en plaçant de préférence ledit problème au centre (illustration 6). Ensuite, on va détailler les parties en sous-parties, etc. (illustration 7). Naturellement, il faudrait ajouter les connecteurs, ces petits mots et groupes de mots qui assurent le lien ; mais cela ne peut pas être prédéterminé.

Illustration 6. Les trois parties du plan dialectique

 

Illustration 7. La granularité de la dissertation. On approfondit, on explicite le dialogue. Bien entendu, on n’est pas obligé de faire trois sous-parties (A, B, C) ni subdiviser celles-ci en trois autres sous-parties. Enfin, chaque sous-partie (A, B, C) peut devenir l’objet d’une carte mentale spécifique sur laquelle on va résumer sa pensée.

 

 

4. Conclusion générale

Le Mind Map© est un outil intéressant à plusieurs titres, aussi bien pour les apprenants que pour les professionnels, mais il saurait difficilement booster créativité et mémorisation sans cours dans ces domaines. De même, une bonne dissertation nécessite quatre ingrédients majeurs : la maîtrise de la méthode, de la culture, du raisonnement, de la communication. Le schéma heuristique ne fait pas la dissertation ni ne donne d’idées. Celles-ci naissent essentiellement de la rencontre entre le temps, le raisonnement, la mémoire, la représentation, et souvent la méthode. Pour l’invention et l’innovation, on pourrait ajouter : un manque à combler, le sentiment qu’il existe quelque chose (une propriété de la Nature par exemple) qu’on ne peut saisir, parce qu’on ne dispose pas de tous les concepts ou outils technologiques pour le faire, par exemple.

Note 1 : ce document est protégé par la propriété intellectuelle. Toute reproduction est interdite sans le consentement de son auteur.

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