Interdiction de la fessée en Suède : les conséquences
La Suède fut en 1979 le premier pays à avoir adopté dans sa législation l’interdiction de la fessée. Or, trente cinq ans plus tard, des effets inattendus se sont manifestés, au point qu’elle inquiète le NCHR (Comité Nordique des Droits Humains), une ONG scandinave. Des travailleurs sociaux arbitraires et tout-puissants, des milliers d’enfants enlevés contre leur gré à leurs familles et placés dans des foyers où un certain nombre sont battus et subissent des abus sexuels, un système de protection de l’enfant qualifié de “child care and abduction industry” où un enfant placé rapporte jusqu’à 1200 euros par jour aux familles d’accueil et institutions….Voici quelques-uns de ces “effets inattendus” auxquels il est difficile de croire.
Le fonctionnement de la loi LVU : des textes à la réalité
L’interdiction de la fessée entre dans le cadre de la loi LVU destinée à étendre la protection de l’enfant ; une loi votée contre l’assentiment du peuple suédois à une époque où les cas de maltraitance envers les enfants étaient statistiquement faibles, le pays largement policé; une loi qui ne fait toujours pas l’unanimité.
L’imprécision de la loi LVU autorise les services sociaux à enlever les enfants à leurs parents de manière arbitraire constate le NCHR dans un rapport à destination du Secrétaire Général du Conseil de l’Europe ; un rapport hébérgé par le Ministère Suédois de la Justice et disponible sur Internet (Report: Child Removal Cases in Sweden and the neighbouring Nordic countries). Il apparaît selon cette ONG dont la direction est composée d’universitaires (professeurs de psychologie, de médecine et de droit) et de juristes (avocats et anciens juges) que les cas où l’enfant doit être vraiment protégé par les services sociaux sont minoritaires.
Ce constat est également partagé par de nombreux autres universitaires, spécialistes de l’enfance, qui, à l’instar du professeur Marianne Haslev Skånlands hjemmeside (professeur de linguistique, spécialiste de l’analyse des recherches en psychologie) relatent les multiples conséquences des lois anti-fessée dans les pays nordiques.
Jenny Beltran, avocate, est plus précise au sujet de la loi LVU: « C’est une loi protectrice. Même s’il y a le plus petit risque, sans témoin, les services sociaux ont le droit d’enlever les enfants. » Il suffit qu’un travailleur social fasse un rapport au conseil social pour que l’enfant soit retiré à sa famille et placé.
De nombreux parents victimes de cette loi témoignent dans les média : des enfants enlevés à leurs familles parce qu’ils ont fugué, parce qu’on a découvert un joint de cannabis dans leur chambre, parce que des parents ont des maladies chroniques ou parce qu’ils n’ont pas suffisamment de moyens de leur offrir un repas équilibré, ou encore parce que des parents ont souhaité retirer leur enfant d’une école où il était harcelé. Ces cas sont loin d’être exhaustifs et pourraient se résumer par le fait que tout enfant qui ne vit pas selon les standards déterminés par l’Etat peut être enlevé à sa famille.
La faiblesse des qualifications des travailleurs sociaux ainsi que leur poids trop important dans le processus décisionnel de placement sont régulièrement épinglés par différents rapports provenant de différentes sources.
Dans de nombreux cas précise le NCHR, les familles n’ont pas le choix de leur avocat, et ceux qui leur proposent leur aide sont inquiétés par les autorités. Il existe de fait une disproportion entre les moyens déployés par les services sociaux pour retirer les enfants de leur famille, et les moyens dont disposent les parents pour les conserver.
Le rapport indique que les enfants issus de familles en difficulté (sur le plan pécuniaire, de la santé, etc.) ou à minorité ethnique sont des cibles privilégiées dans les 4 pays nordiques (ils ne suivent pas les standards comme énoncé plus haut), si bien que la Fédération de Russie s’en est émue auprès du Conseil de l’Europe par l’intermédiaire d’Olga Borzova, sa représentante, constatant que dans les pays nordiques, de nombreux enfants russes sont enlevés à leur famille sans aucune justification.
D’après la loi suédoise, les enfants placés ont le droit de conserver un contact avec leurs parents. En réalité, le NCHR constate qu’il est rare qu’enfants et parents soient réunis. Il est également fréquent que les familles d’accueil et les travailleurs sociaux interdisent également aux enfants d’échanger avec leurs parents par téléphone ou par Internet. Les enfants se retrouvent complètement isolés de leurs parents.
La loi suédoise interdisant qu’un enfant soit adopté sans le consentement de ses parents naturels, le NCHR soutient que ce système encourage les pseudo-adoptions. L’application de la loi LVU est devenu un moyen de contourner la loi anti-adoption.
Chaque année, entre 15000 et 20000 enfants résidant en Suède sont enlevés à leurs parents naturels pour être confiés à des institutions ou des familles d’accueil. Les autres pays nordiques connaissent des chiffres proportionnellement proches.
Il convient de rappeler que les quatre pays nordiques trustent les premières places au niveau de l’épanouissement des enfants, mais aussi de la proportion d’enfants qui grandissent hors de leur famille naturelle.
Une violence contre les enfants en augmentation
Le professeur Joan Durrant, favorable à l’interdiction de la fessée, a constaté entre 1981 et 1994 une augmentation de 489% des violences envers les enfants de moins de 7 ans. Elle explique que cette augmentation n’en est peut-être pas une. En effet, il se pourrait que davantage sensibilisés à la violence envers les enfants, les adultes en viennent à dénoncer plus volontiers ces actes à la police, ce qui contribuerait à gonfler les statistiques.
En réalité, sans étude approfondie, il est impossible de conclure quoi que ce soit. En Sciences, il faut bien distinguer les faits des hypothèses (et vérifier les extrapolations), les corrélations des causalités, définir précisément son sujet et le vocabulaire, effectuer des analyses multifactorielles, des études longitudinales (etc.) sous peine de commettre des erreurs et des biais, voire de verser dans la propagande. Réaliser des études sans biais est extrêmement difficile, long et coûteux.
La presse suédoise, à l’instar du Gothenburg Post relate parfois la violence envers les enfants dans ses gros titres : “la violence envers les enfants augmente. De nombreux enfants battus appellent SOS enfants battus” (26/03/99); “augmentation de la violence mortelle envers les enfants en Suède”; “augmentation de la violence envers les enfants en Suède – vingt ans après la loi interdisant la fessée, de nombreux enfants demeurent maltraités (25/04/1999).
Les faits relatés par la presse suédoise contredisent les affirmations des activistes selon lesquelles la mortalité infantile suite aux maltraitances familiales aurait diminué en Suède après l’adoption de la loi LVU. Mais un article de presse n’est pas une étude scientifique.
Le professeur Robert Larzelere fit partie de la « task force » de l’APA (American Psychological Association) qui mena des études sur la maltraitance envers les enfants. Ce spécialiste de la famille explique que les méthodes statistiques ayant été modifiées suite à la loi LVU, il est impossible d’effectuer une comparaison. On ne peut donc rien conclure, ni dans un sens, ni dans l’autre. Les travaux de ce chercheur sont en accès libre sur son site.
D’ailleurs les statistiques ne peuvent comptabiliser que les dénonciations de maltraitance à la police. Or, suite à la loi LVU, des parents maltraitants effraient leurs enfants en avertissant ces derniers qu’ils seront pris par les services sociaux s’ils parlaient, ce que l’on peut connaître en France sous la forme de “si tu n’obéis pas, tu iras en pension”. Effrayés, nombre d’enfants en viennent à cacher leur maltraitance, qui de fait n’est pas comptabilisée dans les statistiques.
En s’appuyant sur des travaux américains, le professeur Robert Lazerle émet l’hypothèse que la fessée mesurée et contrôlée ait pu jouer le rôle de « soupape de sécurité », empêchant les parents d’user de violence envers leurs enfants. Complètement démunis face à l’impossibilité de discipliner leurs enfants, certains parents en viendraient non plus à leur donner une fessée, mais à les frapper. La fessée aurait eu pour rôle d’empêcher l’escalade de la violence.
Seuls 7 pays ont interdit la fessée en 2003 selon un rapport de l’UNICEF sur la maltraitance (Bilan innocenti, n05, disponible sur Internet), qui montre que la mortalité infantile suite aux violences familiales n’est pas la plus faible dans les pays qui l’ont interdite. En réalité, une étude fine de ces statistiques n’indique guère de différence entre les pays qui ont adopté la législation anti-fessée et ceux qui ne l’ont pas fait.
Des adultes désemparés
Selon le professeur Frank Furedi, la société suédoise a abdiqué l’autorité de l’adulte ; la stigmatisation de la punition s’est muée en peur de discipliner les enfants.
Le professeur Gudrun Ekstrand constate que « le système suédois où l’on enseigne aux enfants les valeurs démocratiques, où parents et enseignants sont incités à ne pas utiliser l’autorité a des effets pervers : les enfants ne sont pas armés pour jouir de la liberté démocratique alors que les parents n’osent même plus contredire leurs enfants. […] Seuls 3 % des enfants suédois associent un bon comportement au respect des adultes ».
Le psychiatre suédois David Eberhard, dont le livre « How Children Took Power » a été largement commenté, se fait l’écho du désarroi des adultes aussi bien que des errances de la jeunesse dont le comportement s’est dégradé. Mais l’expérience d’un praticien, aussi honorable soit-il, ne constitue pas à elle seule une base scientifique suffisante.
Une augmentation de la violence juvénile
En revanche, les études statistiques publiées par Wittrock en 1995 (aucun chercheur ne les conteste) montrent que les enfants et adolescents élevés après le bannissement de la fessée ont environ 600 % plus de chances de commettre des actes de violence envers leurs pairs qu’avant 1979, soit l’exact opposé de ce qui était attendu de la loi « anti-fessée ».
Des chercheurs britanniques en psychologie et en sociologie affirment que le Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande ne pourrait se permettre une multiplication par 6 de la violence juvénile. D’ailleurs, l’administration de la fessée n’est pas interdite dans ce pays, et il semble que l’association britannique qui a fait condamner la France au Conseil de l’Europe n’a pas cité à comparaître son pays d’origine.
En revanche, il convient de minimiser cette augmentation conséquente jusqu’en 1994 à la lumière du rapport d’Erik Axelsson, “young offenders and juvenile justice in Sweden” qui ne montre pas d’augmentation de la délinquance chez les 15-20 ans pour la période 1996-2008, à l’exception des actes contre les personnes.
Mais on ne peut tirer aucun lien causal de ces études statistiques, seulement observer des corrélations. Des études approfondies qui éviteraient les biais de comparaison seraient nécessaires. Il est facile de manipuler l’opinion avec des statistiques.
Les effets de la séparation des enfants d’avec leur famille
Selon des études relatées par le NCHR, les enfants séparés de leurs parents ont 2 à 3 fois plus de chances que les autres d’êtres sujets à des dépressions sévères, des névroses ou psychoses.
Des parents n’ont d’autres solutions que de fuir les pays nordiques en compagnie de leurs enfants.
Séparer les enfants de leurs familles naturelles pour les confier à des familles d’accueil ou des institutions a contribué à instaurer une véritable industrie rapporte le NCHR. Parmi les centaines de cas relatés par les études scientifiques, retenons seulement qu’une municipalité a rétribué une famille à hauteur de 1200 euros par jour (mille deux cents euros par jour, il n’y a pas de faute de frappe) pour un seul enfant placé. Cela a naturellement engendré des conflits d’intérêts puisque des personnes qui disposent du pouvoir de placer un enfant sont aussi directement ou indirectement les bénéficiaires de ce système, des liens de parenté ayant été souvent constatés.
De fait, une véritable industrie du placement d’enfant s’est développée en Suède (et d’une manière plus large dans les pays nordiques), avec les gouvernements qui paient des encarts publicitaires dans les média pour recruter des familles d’accueil. Si bien que des spécialistes de l’enfance d’horizons divers appellent à une réforme afin de mieux former les travailleurs sociaux, de prendre en compte le souhait de l’enfant ou encore de plafonner la rémunération des familles d’accueil afin de mettre un terme à cette industrie.
Le NCHR va plus loin, en rapportant que de nombreux enfants placés ont subi des violences psychologiques, physiques et sexuelles. Certains de ces enfants sont morts prématurément. Sont-ils comptabilisés dans le nombre d’enfants morts suite aux maltraitances subies dans leurs familles naturelles ?
Les faiblesses relatives à toutes les études scientifiques
Dans son abstract, l’American Psychological Association conclut que la fessée n’est pas une méthode efficace d’éducation, qu’il faut lui trouver des substituts. Les substituts aux ratio simplicité/efficacité les plus fortes constituent à détourner l’attention de l’enfant lorsqu’il est récalcitrant ou encore de l’isoler socialement. Mais elle admet qu’il n’existe pas de consensus au sein des chercheurs qui ont fait partie de la « task force ».
L’APA reconnaît les multiples biais, que l’on retrouve souvent en « sciences molles » (mais on en trouve aussi dans “les sciences dures”) que sont la psychologie, les sciences de l’éducation, l’économie et les autres sciences humaines et sociales :
- les chercheurs ont trouvé des corrélations (plusieurs phénomènes surviennent en même temps), jamais de relations causales (l’un entraîne l’autre).
- les corrélations n’ont pas été trouvées par des analyses multifactorielles.
- les chercheurs ont trouvé des biais de sélection dans les populations soumises aux études : les enfants intrinsèquement turbulents conduisent davantage les parents à user de l’ensemble des moyens pour corriger un comportement, dont la fessée. Lorsque les biais de sélection sont corrigés, les enfants qui ont reçu des fessées ne deviennent pas plus délinquants que les autres, ni n’ont de QI plus faible, etc. Les biais de sélection sont extrêmement courants et conduisent à des études complètement faussées. Par exemple, les données officielles du BSC (Birth Sweden Cohort) montrent que les adolescents placés en famille d’accueil entre 13 et 18 ans ont bien plus de chances que les autres de devenir des délinquants une fois parvenus à l’âge adulte. Un journaliste ou un popagandiste titrerait “les familles d’accueil créent la délinquance”. En réalité, rien ne dit que ce sont peut-être les enfants les plus difficiles qui sont confiés aux familles d’accueil, et que ce se sont ces difficultés comportementales non corrigées qui sont à la base de la délinquance potentielle. Les familles n’y seraient pour rien.
- il n’existe aucune étude sur des groupes randomisés.
- il existe de sérieuses difficultés dans les études qui se basent sur les témoignages : un témoignage est par nature fragile (cf les travaux d’Elizabeth Loftus) ; les témoignages ont souvent été recueillis des dizaines d’années après les cas de fessée ; la représentation de la fessée est confuse (ce qui peut apparaître comme une fessée pour l’un ne l’est pas pour l’autre), et les méthodes employés par les chercheurs pour recueillir les témoignages ne sont pas toujours scientifiquement valides.
- il existe très peu d’études cliniques et elles sont contradictoires.
- on trouve surtout dans les méta-analyses des théories non prouvées, des extrapolations non prouvées comme le fait qu’un enfant maltraité deviendra maltraitant, avatar de “les chiens ne font pas des chats” ou “tel père, tel fils”. Or il est capital de comprendre que personne ne peut préjuger du devenir d’un individu élevé dans un contexte permissif, autoritaire ou autoritarien. Ce serait faire preuve d’un biais cognitif, d’une démarche analytique (et non systémique), c’est à dire de nier qu’un individu est en relation constante avec un environnement riche et varié où tout est en relation avec tout. Un être humain, quel que soit son âge est un mutant; il mute au contact de son environnement.
- dans l’écrasante majorité des études, il existe une confusion de la fessée avec les pratiques maltraitantes.
Le rôle des activistes
Pour plagier le Professeur Paul Poelstra (cité par Lazerle) « Ces études illustrent également l’importance de consulter les sources originales, de ne pas se reposer sur les média ou les sources secondaires lorsqu’on étudie la Science.»
L’ensemble de la communauté scientifique est d’ailleurs complètement d’accord avec cela et généralise le message à toute la Recherche : le public n’a pas directement connaissance des études scientifiques. Celles-ci sont rapportées par la presse, des organismes de communication (y compris universitaires), des lobbies et des hommes politiques. Les scientifiques qui sont les auteurs des recherches interviennent très peu : ils n’en ont pas le temps. Et même des praticiens chevronnés ne lisent pas les études dans leur ensemble, seulement les grandes lignes, voire les conclusions. Souvent déformées et incomprises, ces études servent ensuite de prétexte à l’élaboration de politiques.
Un exemple caractéristique est le traitement médiatique et politique de l’enquête PISA. Jamais les scientifiques qui ont travaillé sur PISA n’ont affirmé que cette étude auprès des jeunes de 15 ans avait pour objectif de comparer les systèmes scolaires. Et pour cause : les jeunes de 15 ans n’apprennent pas qu’à l’école, ce qui est particulièrment vrai au sein des populations asiatiques qui trusent les premières places (Singapour, Hong-Kong, Corée du Sud, Shangaï) et qui toutes prennent des dizaines d’heures hebdomadaires de cours particuliers. On ne peut comparer que ce qui est comparable, sinon on assiste à un biais de comparaison.
Mais pour revenir au thème de la fessée, les groupes activistes se reposent sur les méta-analyses du Dr. Gershoff dont selon Lazerle, «65 % des études citées concernent les punitions corporelles sévères, pas la fessée modérée. »
Les chercheurs comme Robert Lazerle ont fait la distinction selon 4 paramètres : l’acte, l’intention du parent, l’attitude du parent, les effets sur l’enfant.
La fessée n’est pas une maltraitance | La fessée est une maltraitance | |
---|---|---|
L’acte | Donner une ou deux fessées | Frapper de façon répétée |
L’intention du parent | Corriger un problème de comportement | Employer la force physique dans l’intention de blesser ou maltraiter |
L’attitude du parent | Lorsqu’elle vient d’un parent aimant qui se maîtrise | Lorsqu’elle est employée avec colère et méchanceté par un parent qui a perdu son sang-froid |
Les effets sur l’enfant | Le comportement est corrigé | L’enfant souffre d’une blessure émotionnelle et/ou physique |
Robert Lazerle qui demeure l’un des plus critiques énonce que “les enfants ne devraient pas être victimes de politiques innovantes et non prouvées, indépendamment des bonnes intentions de ces politiques”. Le chercheur appelle en même temps à des études pour expliquer l’augmentation conséquente dans la violence commise et subie par les enfants en Suède, avant que ce modèle ne soit suivi.
Si des activistes souhaitent l’extension des lois “anti-fessée” au nom de la protection de l’enfant, d’autres activistes qui s’opposent à l’instauration d’une telle loi affirment qu’en s’en prenant aux enfants, on veut s’en prendre aux adultes et détruire la famille pour que la fonction d’éducation ne soit plus assurée que par l’État.
Pour faire écho à cela, Jacob Sundberg, professeur émérite de droit international a déclaré : « La Suède est un pays de consensus. Le consensus est que l’Etat a toujours raison. Les individus n’ont pas le droit de remettre en cause le consensus ».
AJOUT DU 21 MARS 2018 – Réponse à Orbona
Dans son billet du 7 février 2016, une internaute anonyme, Orbona, membre d’une association de lutte contre les violences éducatives a livré une interprétation biaisée du présent article, jetant le doute sur son contenu. Deux ans plus tard, je viens apporter ma réponse sur l’essentiel, parce que je reçois régulièrement des courriels de mères dont les enfants ont été kidnappés par les services sociaux suédois (et maintenant des Pays-Bas), et on ne peut laisser l’ignorance ou la propagande prospérer.
1. Maître Ruby Harrold-Claesson est Suédoise, pas Jamaïcaine. La manière dont Orbona reproche les origines de cette avocate (avec tous les implicites que cela suppose) me laisse sans voix et n’appelle aucun développement. Si je pratiquais l’argutie, je développerais ces implicites pour discréditer les propos d’Orbona, mais j’ai suffisamment d’éléments factuels pour lui en laisser la pratique exclusive. Je n’argumente pas, j’informe. J’ajoute seulement que Maître Harrold-Claesson ne fait pas l’apologie du châtiment corporel, sauf à vouloir confondre la fessée telle que définie par le professeur Lazerlere – un grand spécialiste de l’éducation et de la critique des études scientifiques – avec un châtiment corporel. Tout le monde ne fait pas la confusion, malheureusement la propagande est si forte que l’inverse ne saurait tarder. D’autre part, si Maître Harrold-Claesson est présidente du NKMR, cette association regroupe des dizaines de juges, avocats et divers spécialistes de l’enfance, qui luttent contre les nombreux dysfonctionnements que connaissent les pays nordiques en matière de protection de l’enfance.
2. Les lois suédoises sur la protection de l’enfance (LVU et Social Service Act) mettent l’enfant en danger parce qu’elles sont mal définies et laissent un pouvoir incommensurable aux agents de services sociaux, peu formés et qui manquent souvent de discernement. De plus, ces agents évacuent la notion de « parent » au profit de la notion de « soignant » ou « d’aidant ». Les parents ne sont pas des aidants, comme les enfants ou les conjoints de personnes atteintes d’Alzheimer ne sont pas des aidants : on déshumanise sémantiquement la personne et on la réduit à sa fonction; une fonction standardisée. Il s’agit d’une lecture tronquée des travaux sur la théorie de l’attachement, qui elle-même contient beaucoup de failles. Les parents sont considérés comme de simples géniteurs, et les enfants peuvent être élevés par n’importe qui. Ce « n’importe qui » est choisi par l’État à travers ses services sociaux. C’est une idéologie qui a été institutionnalisée en Suède et qui essaime dans toute l’Europe. Voilà pourquoi, lorsque les enfants sont retirés à leurs parents (pour des raisons fallacieuses la plupart du temps, et qui n’ont rien à voir avec la maltraitance), ils ne sont pas confiés en priorité aux autres membres de la famille (grands-parents, tantes et oncles….). Couper brutalement un enfant de son milieu pour l’introduire dans un milieu allogène est d’une violence inouïe. C’est bien pire qu’une fessée, une gifle ou un cri.
D’ailleurs, un article du journal en ligne Thelocal.se – qui traduit les articles de journaux institutionnels et agences de presse nordiques – vient nous en apporter la preuve, en relayant une étude reprise par l’UNICEF.
Voici un extrait : Existing studies may in fact point to the opposite being the case – that intervention by social services is often detrimental to the well-being of the children.
Et le lien: https://www.thelocal.se/20161127/unicef-sounds-alarm-for-swedens-rehomed-childred
Sur l’absence de formation des agents sociaux, sur le fait que les enfants sont la plupart du temps retirés à leur famille pour d’autres raisons que la maltraitance, sur le nombre d’enfants placés (22668 en 2013, soit davantage que ce que j’avais écrit dans mon article à l’interprétation tronquée par Orbona), on pourra lire mes articles qui s’appuient sur des sources sérieuses. Je donne justement mes sources pour qu’on aille les vérifier. Les sources en français sont extrêmement rares, voilà pourquoi il faut les chercher en anglais, en norvégien ou en suédois.
Mon article sur quelques cas d’enlèvement d’enfant par les États suédois et norvégiens : https://neuropedagogie.com/education/enfants-enleves-norvege-suede.html
Mon article sur le fonctionnement réel du système suédois analysé par deux universitaires suédois, dont les travaux ont été publiés dans la prestigieuse édition Oxford University Press : https://neuropedagogie.com/education/suede-lvu-derive-cps.html
La source à l’origine de l’article : Gustav Svensson et Staffan Höjer, Placing children in state care in Sweden : decision-making bodies, laypersons and legal framework in Child Welfare Removals by The State, a cross-country analysis of decision-making systems, Oxford University Press, 2017
Je rajoute deux autres sources universitaires sur les pratiques des services sociaux :
Bo Edvardsson, Persecutory Strategies in Child Protection Investigations, 2009 : https://www.diva-portal.org/smash/get/diva2:218783/FULLTEXT01.pdf
Bo Edvardsson, Child protection investigations in the Swedish social services – are they really children´s best interests? Is a ”hunting the monster theory” influencing social work and decisions?, 1996, révisé en 2010 : https://www.diva-portal.org/smash/get/diva2:358080/FULLTEXT01.pdf
Je suis donc très loin d’une vision dystopique du fonctionnement des services sociaux suédois et encore une fois, ce n’est ni la Suède, ni le peuple suédois qui sont visés. Il se peut d’ailleurs que la France ne soit pas mieux placée, mais je n’ai pas enquêté sur le sujet. Les manifestations contre les dérives de ce système commencent à être relayées par la presse en Suède mais aussi en Norvège où la situation est encore pire.
Sur le nombre d’enfants placés, j’ajoute que le journal thelocal.se a publié dans l’article cité plus haut les statistiques officielles qui annoncent 32500 enfants placés « aux bons soins » des services sociaux en 2013 à un moment, et que l’Unicef envisage un accroissement significatif de ce nombre en raison de l’afflux de migrants mineurs. Que vont devenir ces enfants ?
3. Parce que, contrairement à ce qu’affirme Orbona dans ses commentaires, les enfants sont toujours placés dans des familles ou des institutions où ils sont toujours battus et subissent toujours des abus sexuels. Cela ne s’est pas arrêté en 1980. Cela continue aujourd’hui dans le plus beau pays du monde.
Mon article sur ce point : https://neuropedagogie.com/education/suede-et-norvege-business-et-maltraitance-des-enfants-voles.html
L’une de mes sources : https://www.thelocal.se/20110131/31742
Je reprends juste une phrase ici : The inquiry, which will present its findings to the government on February 10th, found that abuse at state institutions for children aren’t a thing of the past, but continues to take place now.
Une autre source où l’on apprend qu’aujourd’hui des enfants sont placés dans des institutions sont affamés, torturés et abusés sexuellement: http://sverigesradio.se/sida/artikel.aspx?programid=2054&artikel=6367005
Voici un extrait de cette source :
SvD turned up 51 cases last year in which police reports were filed listing foster homes (familjehem, in Swedish) as scenes of alleged crimes, including aggravated rape of a child and abuse.
De ma part, il n’y a donc aucun mensonge par omission ni malhonnêteté intellectuelle, je laisse cela à d’autres plus doués que moi en la matière. J’ajoute que je dispose de bien d’autres sources sérieuses que je n’ai pas publiées. Celles-ci se suffisent à elles-mêmes pour mesurer l’ampleur des dégâts.
4. Oui, une famille d’accueil peut gagner jusqu’à 1200 euros par jour, autrement je ne l’aurais pas écrit. La source se trouvait déjà au début de l’article dont Orbona a produit l’analyse tronquée. Je la livre ici avec le lien puisqu’il semblait difficile à Orbona de saisir le titre dans son moteur de recherche; cliquer sera peut-être plus facile : http://www.justice.gov.sk/SiteAssets/Lists/Aktuality/EditForm/sprava.pdf
Il faut juste prendre le temps de lire le rapport, envoyé au Conseil de l’Europe, et qui s’appuie sur une centaine de sources. Et même si on ne comprend pas bien l’anglais, ce qui n’est pas une tare, il existe des outils de traduction qui permettent de comprendre les grandes lignes.
Dans le lien ci-dessous, le professeur d’Université Marianne Haslev Skanland se base sur l’édition du 29 mars 2015 du journal norvegien an.no (cela se passe donc en Norvège, pas en Suède cette fois-ci) pour annoncer qu’une mère accueillante gagne 100 000 euros par an pour la garde de 3 enfants, et qu’elle peut cumuler cette activité avec un emploi.
Source: http://www.mhskanland.net/page2/page390/page390.html
De plus, j’ai écrit un article sur le business autour des enfants volés par l’État, et là encore, c’est sourcé. L’enfant est devenu une marchandise dans un pays où l’on ne fait plus d’enfants ! Des entreprises privées se sont emparées de ce marché lucratif, et il existe des soupçons de corruption.
Mon article : https://neuropedagogie.com/education/suede-et-norvege-business-et-maltraitance-des-enfants-voles.html
L’une de mes sources du précédent article, un journal institutionnel norvégien: https://www.aftenposten.no/norge/i/rL4KR/Syv-private-aktorer-har-tjent-550-millioner-pa-barnevern
J’ai juste une question qui ne me paraît pas si étrange : beaucoup d’enfants sont retirés à leurs parents parce que ces derniers sont trop pauvres pour les élever selon les standards des pays du Nord (au passage, cela s’appelle de l’eugénisme social), alors pourquoi ne pas leur donner de l’argent pour qu’ils élèvent leurs propres enfants selon ces mêmes standards ?
Les statistiques montrent que les parents suédois étaient de bons parents avant la loi LVU de 1979 ; les cas de maltraitance y étaient rares. Aujourd’hui, les services sociaux (pas tous les agents heureusement) interprètent la maltraitance comme le fait de ne pas vivre selon les standards suédois. Tous les prétextes sont bons pour retirer les enfants : mère au Qi trop faible, mère trop pauvre, mère étrangère, mère qui est allée consulter un psy dans sa jeunesse, enfant qui reçoit une instruction religieuse, enfant qui mange avec ses mains pas avec des couverts, enfant qui ne regarde pas dans les yeux, etc. Cela s’appelle de l’eugénisme social, et c’est extrêmement grave ! Comment ne pas être sensible à cela ? Plusieurs de mes articles déjà cités ici s’appuient sur des documentaires diffusés sur Arte ou la BBC. Il y a pire comme source. Pourquoi les associations de protection de l’enfance ne vont pas enquêter sur le sort physique et psychologique que subissent les enfants retirés à leur famille ? Pourquoi ne vont-elles pas enquêter sur les pratiques des services sociaux ?
5. Orbona prétend que la protection de l’enfance n’est pas une cause majeure pour le professeur Marianne Haslev Skanland. Il suffit de cliquer sur quelques sites qu’anime MHS pour lire ses centaines d’interventions. Cela fait beaucoup pour quelqu’un dont cette cause est secondaire.
http://www.mhskanland.net/page2/page2.html
http://www.mhskanland.net/page10/page10.html
https://forum.r-b-v.net/viewforum.php?f=231
https://www.youtube.com/results?search_query=marianne+haslev+skanland
6. Je ne détourne pas les propos de Jenny Beltran, il faut aller lire la source originale pour s’en rendre compte. Je l’ai donnée, je ne vais pas la replacer ici.
7. Non, les seuls exemples de presse signalant des faits de violence sur les enfants ne datent pas de 17 ans. Il ne faut pas rester à l’anglais. Mais si on le fait, on trouvera son bonheur ici (il existe d’autres sources bien sûr): https://www.thelocal.se/tag/abuse
J’ajoute qu’en se basant sur les données de la police suédoise, les chercheurs Larzelere, Swindle et Johnson on constaté une augmentation extrêmement forte de crimes contre les enfants de 7 à 14 ans entre 1984 et 2010. Par exemple, en 1984 (soit 5 ans après la loi LVU), il y avait 25 criminels de 50 ans et +, contre 183 en 2010. En 1984, les criminels qui avaient 15 à 19 ans étaient 107, alors qu’en 2010 ils étaient 2194. Je ne vais pas reproduire les autres chiffres ni l’analyse brillante qui a été effectuée, il suffit de lire l’article scientifique : Larzelere, Swindle et Johnson: Swedish Trends in Criminal Assaults against Minors since Banning Spanking, 1981-2010 publié dans International Journal of Criminology and Sociology, 2013, 2, 129-137
Donc, contrairement à ce qu’affirme Orbona, la violence dont les enfants sont victimes a considérablement augmenté depuis l’adoption de la loi anti-fessée, ce, quel que soit l’âge du criminel.
Si Orbona n’y voit pas d’augmentation significative, c’est qu’elle est peut-être atteinte du syndrome de Stockholm.
8. Contrairement à ce qu’affirme Orbona, les châtiments corporels (toujours cette confusion entre donner une fessée modérée et battre son enfant) ne sont pas autorisés en France, et la maltraitance envers un enfant est déjà condamnable, et c’est heureux. Où sont les 700 à 800 enfants par an qui meurent de maltraitance en France ? Encore une interprétation biaisée, une extrapolation d’une étude britannique non répliquée. http://www.europe1.fr/emissions/le-vrai-faux-de-l-info2/combien-denfants-meurent-chaque-jour-sous-les-coups-de-leurs-parents-3548045
Dans le bilan Innocenti n°5 de l’UNICEF (qui n’est pas un organisme de recherche mais reprend des études universitaires) , il est d’ailleurs écrit en page 2 : Chaque année, dans le monde industrialisé, quelque 3500 enfants de moins de 15 ans meurent de maltraitance (coups, négligence). Cette maltraitance fait deux victimes par semaine en Allemagne et au Royaume-Uni, trois en France, quatre au Japon et 27 aux Etats-Unis d’Amérique (figure 2).
Trois victimes par semaine pour la France, cela fait 156 par an, pas 700 à 800. Le vrai chiffre est connu depuis longtemps. Pourquoi reprendre de fausses données ?
On aura noté que la maltraitance regroupe les coups donnés dans la famille et la négligence, or il est essentiel de distinguer les deux. D’autant plus que les facteurs de maltraitance sont essentiellement liés à l’alcool, la drogue, la pauvreté, le stress.
Les parents maltraitants ne sont pas ceux qui donnent une fessée ou une claque ou qui crient sur leur enfant. Ce n’est naturellement pas une méthode d’éducation (et je suis aussi opposé à ce qu’on traite les enfants de cette manière), mais cela ne va pas conduire ces parents à battre leur enfant pour autant. Ceux qui risquent de basculer sont ceux qui cumulent (un seul facteur n’est pas suffisant) des problèmes d’alcool, de drogue, et qui ne savent plus gérer leur stress. Pour le volet négligence de la maltraitance, les parents à risque sont ceux qui sont trop pauvres, souvent des familles monoparentales, et qui n’ont plus les moyens d’élever correctement leur enfant. On trouvera tout cela dans le bilan de l’Unicef. Les causes sont connues, pourquoi ne pas les combattre véritablement ? Il est bien plus facile de culpabiliser la majorité des parents qui élèvent correctement leurs enfants et qui vont croire que parce qu’ils leur donnent une fessée, ces derniers vont devenir des délinquants ou voir leurs résultats scolaires diminuer. Rien de cela n’est prouvé.
Toujours en page 2 de ce bilan, on apprendra que : Dans sept pays – l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, la Finlande, l’Islande, la Norvège et la Suède – il existe une législation interdisant explicitement toute punition corporelle à l’égard des enfants (figure 13).
Autrement dit, ce sont bien 7 pays et non pas 13 qui avaient aboli la punition corporelle, à l’inverse de ce qu’affirme Orbona qui s’appuie sur une source non officielle.
Plus intéressant, toujours en page 2, il est écrit : Il semble que l’incidence des décès d’enfants par suite de maltraitance soit particulièrement faible dans un petit groupe de pays – l’Espagne, la Grèce, l’Italie, l’Irlande et la Norvège (figure 1b).
On remarquera que sur les 5 pays dont les décès par maltraitance sont particulièrement faibles, 4 n’avaient pas adopté de législation anti-fessée. Comment expliquer cela ?
Et comme je ne suis pas un propagandiste mais que j’essaie d’être au plus près de la vérité, il est aussi écrit en page 2
Des divergences dans la classification et un manque de définitions et de méthodes de recherches communes font que l’on a peu de données internationalement comparables, et que l’ampleur de la maltraitance des enfants est presque certainement plus forte que ne l’indiquent les statistiques.
Et cela rejoint parfaitement ce que j’ai écrit dans l’article dont l’interprétation a été déformée par Orbona: les études scientifiques sont souvent biaisées, et c’est normal parce que c’est très complexe. Il faut s’en méfier, et bien évidemment, cela s’applique aussi aux études que je présente, je n’ai jamais écrit le contraire. Mais quand on base une politique sur des sources non confirmées, c’est extrêmement dangereux, cela conduit systématiquement à des dérives. Et ces dérives sont très graves, autant en Suède qu’en Norvège. Quand les services d’un État ne sont pas contrôlés, ce sont les Droits de l’Homme qui sont en danger.
Pour vérifier mes assertions : https://www.unicef-irc.org/publications/pdf/rc_maltreatment_fre.pdf
Au passage, j’ai lu intégralement ce bilan, je ne me suis pas arrêté à la page 2, et je connaissais déjà maintes sources sur lesquelles il s’est appuyé.
10. Je ne sais pas si Frank Furedi est un anti-écologiste notoire ni un partisan de Sarah Palin, et je m’en fiche. Cela ne le disqualifie pas. C’est un chercheur, et c’est cela qui m’intéresse. Orbona semble être familière des attaques ad hominem, technique que l’on utilise lorsqu’on est à court d’argument.
Gudrun Eskrand est également un chercheur. Toutes les sources ne sont pas disponibles sur Internet. Il existe encore des livres. J’avais donné le lien vers Eric.ed.gov. Mais Orbona ne sait pas ce qu’est Eric.ed.gov.
David Eberhard est un psychologue qui a autant le droit de citer que ceux qui souhaitent l’abolition de la fessée. Mais il dérange le consensus, les certitudes, alors il faut le brûler. Nous observons les prémisses du totalitarisme du consensus qui a frappé la Suède depuis plusieurs années et qui touche aujourd’hui la France.
11. Je répète, il faut se méfier des études scientifiques. Se méfier ne signifie pas qu’il faille les rejeter. Cela signifie qu’il faut attendre qu’elles aient été répliquées par d’autres chercheurs, que les biais (très nombreux), aient été écartés. Dans les études scientifiques, on trouve notamment énormément de biais statistiques et des causalités là où il n’y a que corrélation. Une étude scientifique est publiée même si ce qu’elle a trouvé n’est pas statistiquement significatif, parce que la presse scientifique est un marché très lucratif et parce qu’avec le « publish or perish », un chercheur doit publier comme un fou pour faire avancer sa carrière et permettre à son Université de grappiller des points au classement de Shangaï afin d’attirer plus de fonds et d’étudiants. Si bien qu’en réaction à cela, des chercheurs ne publient plus dans ces titres. Alors, oui les études scientifiques servent souvent à manipuler l’opinion publique, particulièrement sur les sujets économiques et sociaux. Et oui, les activistes ne retiennent que les études qui les arrangent, le fameux biais de confirmation. Et oui, les journalistes qui n’ont aucune formation à la critique des études scientifiques n’ont pas les moyens de vérifier si leur source est valide. Il n’y a aucune médisance à l’annoncer, même si cela ne fait pas plaisir à lire. C’est juste la vérité.
12. Je n’ai pas lu le livre de Catherine Gueguen, mais très franchement je la rejoins globalement sur son approche éducative au vu de ce qu’elle a écrit sur LCI. En revanche, je crains que beaucoup d’enfants ne soient imperméables à l’éducation positive. Pour s’en assurer, il faudrait tester ces conseils sur un groupe randomisé dans une étude longitudinale, et que cette étude soit répliquée par une autre équipe de chercheurs, et que les biais soient écartés. Tout ce qui n’a pas été éprouvé par la méthode scientifique (ce qui implique la réplication) et dont les biais n’ont pas été écartés demeure une hypothèse. Une hypothèse n’est pas inintéressante, mais elle ne peut être l’objet d’une politique.
D’autre part, je suis certain que de nombreux parents ne sauront pas comment mettre en place les conseils avisés du Docteur Gueguen. Il ne suffit pas de transmettre une information pour que celle-ci soit interprétée et mise en application correctement. Tous les enseignants le savent.
13. Dans les neurosciences, l’imagerie médicale ne peut en aucun cas être une source sérieuse pour expliquer un comportement ; c’est un consensus entre neuroscientifiques. Une même zone du cerveau est impliquée dans de nombreuses fonctions, y compris contraires, comme la douleur et le plaisir.
Un extrait de ce qu’un très grand spécialiste de l’imagerie médicale, Nikos K. Logothetis (Institut Max Planck s’il vous plaît!), a publié : What we can do and what we cannot do with fMRI Vol 453/12 June 2008
In fact,we now know that the traditional cortical input–elaboration–output scheme, commonly presented as an instantiation of the tripartite perception–cognition–action model, is probably a misleading oversimplification
Et un autre article d’Eklund, Nichols et Knutsson sur les problèmes de traitement statistique avec le fmri: http://www.pnas.org/content/early/2016/06/27/1602413113.full
Je sais parfaitement comment fonctionnent les différents appareils d’imagerie médicale, et j’ai lu des dizaines d’articles scientifiques (publiés dans des journaux de recherche, pas dans psychologie magazine) sur la question, autant ceux qui défendent l’emploi de ces appareils en psychologie que ceux qui le condamnent. Et comme d’habitude, rien n’est simple.
14. Où ai-je confondu éduquer et frapper ? Où ai-je annoncé qu’il fallait employer la violence ou faire peur ? Où ai-je écrit que le fait de ne pas recourir à la violence signifiait être laxiste en matière d’éducation ? Je n’ai rien écrit de tel, ce n’est pas correct de le faire croire au lecteur. Au contraire, j’ai explicitement écrit que quel que soit l’éducation que l’on donne aux enfants, ceux-ci ne prélèvent que ce qu’ils veulent. Et ils sont aussi éduqués par youtube, leurs copains, leurs professeurs, leurs moniteurs de sport….
On emploie des techniques argumentaires visant à disqualifier autrui lorsqu’on n’a rien d’autre à avancer. Une autre technique employée par Orbona consistant à attirer le lecteur sur des détails insignifiants (comme l’oubli d’accord entre « leurs » et « familles » dans le titre de l’une de mes parties ; corrigé depuis. Merci). C’est vraiment dommage d’utiliser un tel ton pour tenter de disqualifier mon article.
Pour conclure
On a parfaitement le droit de critiquer mes écrits, de ne pas être d’accord avec leur contenu, mais on doit le faire avec honneur, consulter les sources. Employer les techniques argumentatives visant à disqualifier le locuteur n’honore pas celui qui en fait usage.
Mes sources sont sérieuses, je les ai vérifiées et recoupées. Les sources qui n’ont pas pu être recoupées n’ont pas été publiées.
Avant d’écrire cet article, j’avais un préjugé favorable envers la société suédoise qu’on nous présentait comme parfaite. Mon enquête minutieuse m’a conduit à balayer ce préjugé par l’acquisition d’une connaissance : le service de protection de l’enfance est un État dans l’État qui connaît de graves dysfonctionnements dont sont victimes les enfants.
Ces dysfonctionnements ont pu émerger sur l’autel d’études scientifiques biaisées et non confirmées.
Ces dysfonctionnements ont pu prospérer sur l’autel de l’hygiénisme : considérer que l’enfant est en danger lorsqu’il mange avec ses doigts (pratique courante dans certaines cultures), lorsqu’il évolue avec une mère qui a connu un épisode de dépression dans son lointain passé, etc. C’est ce qui est aujourd’hui qualifié de maltraitance. Et les services sociaux suédois ne demandent pas l’avis des enfants, qui préféreraient peut-être demeurer auprès de leur mère au Qi trop faible que d’être confiés à un pédophile dont on n’a pas vérifié le casier judiciaire, ou à un foyer où il sera peut-être battu ou violé par ses camarades.
Alors, que l’on me pardonne de ne pas être d’accord avec ces pratiques.
Que l’on me pardonne de croire que lorsqu’on ne s’intéresse qu’à l’enfant (approche analytique) et non à son milieu naturel (approche systémique) – sa famille -, on en viendra forcément à considérer que sa famille représente pour lui un danger potentiel et qu’il faille le confier aux bons soins de l’État « infaillible ».
Que l’on me pardonne enfin de considérer que cet État « infaillible », à travers ses écoles (enfants harcelés, battus et rackettés par d’autres enfants) ou ses foyers et familles d’accueil s’exonère bien facilement de sa responsabilité, et n’applique pas à lui-même les règles qu’il applique aux familles.
Par conséquent, tout ce que j’ai écrit n’est que le strict reflet de la vérité. En Suède, mais aussi en Norvège, les services sociaux qui ont enlevé les enfants à leurs parents menacent ces derniers de ne pas les leur rendre s’ils venaient à parler (lire par exemple l’étude scientifique menée par le chercheur Bo Edvardsson cité plus haut). Mais cette omerta se fissure petit à petit parce que des familles commencent à trouver du secours auprès d’associations de protection de l’enfant et de la famille, auprès de la presse (BBC, Arte), sur des pages facebook, auprès du Président de la Pologne qui a annoncé qu’il donnerait l’asile aux familles persécutées par les services sociaux de Suède et de Norvège, etc. Et lorsque ce scandale sera suffisamment médiatisé (ce qui n’est pas encore le cas), les Suédois, qui sont de bonnes personnes, vont s’apercevoir qu’ils ont par ignorance consenti au dysfonctionnement de leur système social.
Déjà, les choses changent en Norvège, où la situation était encore pire: https://tomaszdechovskymep.tumblr.com/post/159821444777/media-coverage-of-barnevernet-scandals-is-working
Note: tous les liens de cette réponse ont été consultés le 21 mars 2018
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