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De l’efficacité des méthodes mnémotechniques

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De l’efficacité des méthodes mnémotechniques

Les moyens mnémotechniques peuvent être acquis par tous et ont un champ d’application assez large.

Néanmoins, et contrairement aux livres de «folk psychology», vidéos sur Youtube ou autres sites Internet fantaisistes où l’on promet de «booster sa mémoire»,  libérer la puissance de son cerveau», «utiliser les 90 % inexploités» et autres fadaises, les moyens ou méthodes mnémotechniques ne facilitent pas la mémorisation en général. En revanche, ils peuvent la rendre plus agréable et plus efficace dans un certain nombre de circonstances précises.

Mémoriser demande en effet du travail, et ça, c’est une bonne nouvelle parce que tout le monde peut travailler, tout le monde peut réussir avec du travail.

Egalement, les techniques de mémorisation ne remplacent pas les applications pratiques issues des travaux sur la mémoire, et qui ont une portée plus générale ; elles viennent les compléter.

Après avoir présenté quelques évaluations scientifiques, je détaillerai les situations (pour quel public et dans quelles circonstances) où les procédés mnémotechniques ont toute leur place avant de livrer mon expérience personnelle, pour terminer par une petite bibliographie grand public.

 

 

1. Evaluation scientifique des moyens mnémotechniques

Les mnémotechniques ont été soumises à de nombreuses études, avec groupes de contrôle et groupes tests.

Dans les recherches en psychologie ou en neuropédagogie (synthèse de neurosciences, psychologie et pédagogie), le groupe de contrôle est d’ordinaire composé de personnes qui exercent une tâche sans instruction précise, alors que les groupes tests exercent la même tâche que le groupe de contrôle, mais avec des instructions précises données par les chercheurs. L’objectif est de déterminer quel groupe est le plus performant dans l’exercice de la tâche.

Toutes les études scientifiques sur la mémorisation de listes de mots montrent sans ambiguïté la performance des mnémotechniques sur le simple apprentissage par réitération verbale (l’un des modes de l’apprentissage par coeur).  En fait, plus on répète, moins on est attentif à ce qu’on répète. Cela s’appelle l’habituation, soit la diminution de la réponse à un stimulus. D’ailleurs toutes les expériences faites par tous les professeurs dans tous les pays et dans toutes les langues montrent que si un élève doit copier une phrase cent fois, il est capable de commettre des erreurs. La répétition est une condition indispensable de l’apprentissage, mais insuffisante. Mais revenons à nos expériences.

Par exemple, Gordon Bower a donné 12 listes de 10 mots à un groupe de contrôle et à un groupe test, laissant à chacun 1 à 2 minutes par liste. Le groupe de contrôle ne s’est souvenu que de 13 % des mots, alors que le groupe test s’est souvenu de 93 % d’entre eux. (1)

(1)    Gordon H. Bower and Michael C. Clark Narrative stories as mediators for serial learning, Psychon.Sci, 1969, vol 14

Dans l’étude de Ross et Lawrence (2), des étudiants ont mémorisé une liste de 40 mots, chaque mot étant présenté pendant 14 secondes, à raison d’1 liste par jour pendant 4 jours. La performance a été un rappel correct de 36 mots en moyenne par liste. Sans révision naturellement.

(2)    Ross J., &Lawrence K.A. 1968. Some observations on memory artifice. Psychonomic Science, 13, 107-108

Dans une étude très complète publiée en 1980 (3) Roediger a évalué 4 procédés mnémotechniques différents à travers différentes situations expérimentales, qu’il a confrontées au groupe de contrôle qui n’employait aucun procédé mnémotechnique, seulement la simple répétition. Les groupes tests ont mieux performé que le groupe de contrôle, avec des écarts parfois importants. Ce sont surtout les méthodes du peg word et des loci qui ont donné la meilleure performance.

(3)    Roediger, H. L. (1980). The effectiveness of four mnemonics in ordering recall. Journal of Experimental Psychology: Human Learning and Memory, 6, 558-567

 

Explication neuroscientifique sommaire de l’efficacité des procédés mnémotechniques

Ce qui suit est une traduction personnelle d’un passage d’un livre de D.P. Devanand (4).

Quand vous faites l’expérience d’un nouvel événement, l’hippocampe commence à communiquer avec le parahippocampe qui forme une grande partie du « cortex associatif » environnant pour voir si le nouvel événement peut être associé ou lié à un ancien souvenir. Si cette nouvelle expérience peut être liée, elle sera plus facilement mémorisée et une nouvelle « chaîne mnésique » est formée dans l’hippocampe et le parahippocampe, qui peut en retour faire le lien même avec des souvenirs plus anciens stockés dans d’autres parties du lobe temporal et du lobe frontal.

(4)    D.P. Devanand : The Memory Program, How to Prevent Memory Loss and Enhance Memory Power, wiley, 2001

 

2. Que peut-on mémoriser ?

Des variables isolées

Ces variables isolées peuvent être une lettre, un nombre, un chiffre, un mot ou tout type d’item qui n’a à priori aucune relation avec les autres. Ainsi, dans la liste 25 – coquelicot – capsule – 73 – Arthur – dromadaire, nous avons 6 variables isolées.

Il n’existe très certainement aucun moyen plus efficace que la mnémotechnique pour se souvenir de listes de vocabulaire (y compris dans les langues étrangères, les parties du corps humain, etc.), de nombres (dont les dates), de rendez-vous, de mots de passe, de noms propres, de formules mathématiques, etc. Les champs d’application sont trop nombreux pour tous les énumérer.

Mais que l’on soit étudiant en médecine, lycéen ou collégien, que l’on veuille préparer un concours, réussir une formation professionnelle, mémoriser l’emploi de machines dans l’industrie aussi bien que des modèles opérationnels dans tous les secteurs économiques, apprendre des langues, sécuriser des données, ou tout simplement faire ses courses sans rien noter ou se souvenir de chaque personne lors d’une réunion, d’un meeting, alors, nul doute que ces techniques se montreront d’un grand secours.

 

Mémoriser des concepts

Si la mémorisation de variables isolées est naturellement utile au quotidien, la mémorisation de concepts l’est peut-être davantage. C’est le coeur de tout apprentissage puisqu’un concept est le résultat de relations complexes entre les faits.

En cela, les moyens mnémotechniques peuvent aussi aider, mais d’une part ils sont moins efficaces que pour mémoriser des variables discrètes, d’autre part, ils nécessitent de bien connaître les processus de la mémorisation. D’ailleurs, l’ensemble des livres grand public sur les moyens mnémotechniques n’abordent que la mémorisation de variables isolées.

 

3. Pour qui est-ce particulièrement efficace ?

Les procédés mnémotechniques sont réellement efficaces pour tout le monde et sont utiles dans de nombreuses circonstances. Il est impossible de tout lister, tant les études sont nombreuses. Voici quelques exemples.

 

Les apprenants en difficulté

Ce qui suit est une traduction libre d’un passage du livre de Peter Westwood (5)

Selon Terry (5), les apprenants en difficulté sont confrontés à trois problèmes majeurs :
–    Ils ne comprennent pas ce qu’on leur demande ;
–    Ils ne savent pas comment mémoriser ;
–    Ils sont incapables de retrouver rapidement l’information.

Pressley et Schneider mais aussi Byrnes (5) affirment que la performance dans les apprentissages résulte de l’emploi de stratégies de mémorisation mais aussi de la connaissance intuitive du fonctionnement de sa mémoire.

Les méta-analyses de Kavale & Forness mais aussi Swanson (5) tels que rapportés par Westwood montrent que les moyens mnémotechniques arrivent en première place dans l’efficacité des interventions auprès des élèves qui présentent des troubles scolaires. Un effet de 0.8 est considéré comme très bon, alors que l’effet des procédés mnémotechniques a été évalué à 1.62.

Forness, Kavale, Blum & Lloyd, 1997 (5) ajoutent qu’il est important d’enseigner aux apprenants en difficulté les processus de mémorisation.

Je ne vais pas citer toutes les recherches dans ce document, seulement ajouter que les pédagogies centrées sur l’élève (autrement dit les pédagogies actuelles qui sont préconisées par les autorités) sont généralement considérées comme des échecs par les chercheurs de toutes disciplines qui s’intéressent à l’apprentissage. Il ne s’agit aucunement d’une considération gratuite, mais le résultat de nombreuses études et méta-analyses. Bref, les chercheurs disent avoir de nombreuses solutions sans être pour autant écoutés, que ce soit en France, au Royaume-Uni, en Allemagne ou aux Etats-Unis pour ce que j’en connais. Il est bon de noter que la pédagogie la plus efficace semble être la pédagogie de la Direct Instruction. Seuls les élèves les plus brillants et les plus mûrs peuvent construire leur savoir seuls et bénéficier des pédagogies centrées sur l’élève.

(5)    Peter Westwood : Learning and Learning Difficulties, a Handbook for Teachers, David Fulton Publishers Ltd, 2004

 

Les enfants et adolescents sans difficulté particulière

Initialement, les enfants et adolescents gèrent particulièrement bien les images mentales visuelles, mais cette capacité semble décliner progressivement, sans doute parce que les mots sont au coeur de l’instruction et chassent les images. En effet, toute partie du cerveau qui n’est pas entretenue a tendance à s’appauvrir. La plasticité synaptique joue dans les deux sens : Long Term Potentiation et Long Term Depression.

En revanche, si les enfants et les adolescents les plus jeunes (jusqu’à 15 ans environ, avec naturellement des variations individuelles) éprouvent des difficultés à catégoriser les données comme à exercer des associations entre elles, ils acquièrent progressivement une expertise dans cette tâche, sans doute en raison de l’instruction.

Les procédés mnémotechniques, comme nous le verrons dans un prochain article, reposent surtout sur les images mentales visuelles alors que le processus de mémorisation repose sur les associations et la catégorisation des données.

Si mémoriser est une aptitude naturelle, elle est aussi une compétence que l’on travaille explicitement par l’apprentissage des stratégies de mémorisation, et implicitement par l’apprentissage des différentes disciplines. Il convient alors de rappeler que toutes les disciplines sont importantes. Par exemple, les chercheurs sont aujourd’hui quasiment certains que l’apprentissage de la musique favorise l’apprentissage des mathématiques.

Dans une série d’études comparatives fascinantes entre apprenants (enfants) américains et Kpelle (peuple du Libéria, enfants et adultes), Cole et Scribner (6) ont démontré que la culture affectait les compétences mnésiques et plus largement cognitives. Voici un résumé si imparfait que j’ai honte de le publier :

– Chaque groupe a des capacités cognitives adaptées à son environnement.

– Les tests et évaluations sont cultures-dépendantes. Une culture A qui évalue une culture B avec ses propres instruments et méthodes ne connaîtra pas grand-chose de la culture B, les données recueillies seront au minimum partiellement biaisées.

– Les stratégies de mémorisation sont une compétence acquise grâce à l’instruction.

(6)    Cole et Scribner– Memory Strategies in different cultures, 1974

 

Les personnes « âgées »

La plupart des recherches (7) et (8) concluent aux bénéfices que peuvent retirer les personnes « âgées » (en fait, dès 40 ans) d’un entraînement aux moyens mnémotechniques et de leur emploi au quotidien. On ne parle pas de stimuler la mémoire en général (le cerveau étant un organe hyper-spécialisé, aucune solution n’a de portée universelle), mais d’utiliser les trucs et astuces qu’offrent les moyens mnémoniques pour améliorer le confort au quotidien.

(7) Handbook of the Psychology of Aging, Academic Press, 7th edition, 2011

(8) Adult Learning and Development, Perspectives From Educational Psychology, Routledge, 1998 et plus particulièrement dans ce livre :
–    Russel N. Carney and Joel R. Levin, Mnemonic Strategies for Adult Learners

 

La réhabilitation cognitive

Les stratégies mnémoniques sont en effet utilisées avec succès dans des protocoles de réhabilitation cognitive suite à un accident ou une pathologie. Mais ne travaillant pas dans le secteur de la réhabilitation cognitive (domaine des neurologues et neuropsychologues spécialisés) je n’ai pas approfondi cette question qui est pourtant traitée dans un certain nombre de livres que j’ai lus.

 

Le monde du travail

L’ensemble du monde du travail (dont la formation professionnelle) est concerné par l’efficacité des procédés mnémotechniques. Je ne citerai que quelques exemples d’applications extraites de la littérature (dont vous me permettrez de conserver les références très spécifiques pour mes propres formations de formateurs) sur le sujet :
–    Dans le secteur agricole, industriel et artisanal : mémoriser des protocoles de sécurité, apprendre le fonctionnement des machines-outils, les gestes et procédures adéquats par l’emploi du chunking, des images mentales et de la catégorisation, etc.
–    Dans le secteur tertiaire, les applications sont encore plus nombreuses : mémoriser les arbres de décision, produire et organiser des informations pouvant être plus facilement mémorisées à destination de clients ou du personnel, etc.

Bref, les procédés mnémotechniques améliorent la circulation et le traitement de l’information, par conséquent, la productivité.

 

Le secteur de la Défense et de la sécurité 

Les mots « défense » et « sécurité » déclenchant peut-être une alerte (on sait que les Américains surveillent les réseaux et qu’ils sont un peu chatouilleux sur ce point), permettez-moi ce petit préambule. L’objet de cet article est de prouver combien les procédés mnémotechniques qui sont faussement accusés d’être de simples « trucs de foire »  sont en réalité très utiles et efficaces. Or, on peut considérer que si la Défense s’intéresse aux procédés mnémotechniques, c’est qu’ils doivent être quelque part efficaces et pas seulement des « trucs de foire ». Afin de ne pas trahir un quelconque secret, j’ai vérifié que la source suivante est disponible sur un site gouvernemental. De toutes les façons, cette source est aussi insuffisante à la bonne maîtrise des procédés mnémotechniques que la lecture d’ouvrages grand public.

Voici un petit résumé (traduction libre) de la source (9):
–    Les mnémotechniques peuvent clairement améliorer la vitesse d’acquisition des informations ;
–    Elles ont un potentiel pour améliorer l’efficacité de l’entraînement militaire ;
–    Il existe déjà des mnémotechniques pour apprendre le vocabulaire des langues étrangères* et le code ;
–    Il existe un potentiel considérable pour développer de nouvelles mnémotechniques adaptées à des contextes spécifiques ;
–    Il existe peu de recherches sur l’application des procédés mnémotechniques à des contextes spécifiques.

* En réalité, pendant la Guerre Froide, des agents de renseignements furent formés à l’acquisition du vocabulaire par les procédés mnémotechniques puis envoyés sur le terrain. L’acquisition du vocabulaire fut certes rapide, mais en général insuffisante à pouvoir comprendre correctement la langue. Apprendre une langue, c’est aussi apprendre la grammaire, la culture et pratiquer, pratiquer, encore pratiquer. Par conséquent, ces agents ne perçurent qu’une suite de mots sans comprendre le sens véritable de ce qu’ils entendaient ou lisaient. Il y eut naturellement des variations individuelles.

(9) Douglas Griffith, a review of the littérature on memory enhancement : the potential and relevance of mnemotechnics for military training, technical report 436, décembre 1979

 

4. Mes constatations personnelles

Les constatations suivantes n’ont pas la valeur des travaux précédents, c’est uniquement le fruit de mon expérience. Mais cela fait un peu plus de 15 ans que j’étudie, expérimente, utilise et adapte (je fais quand même de modestes recherches appliquées sur le sujet) à mes besoins les procédés mnémotechniques. Voici un petit résumé sur l’efficacité de ces procédés pour conclure l’article :

 

La forme des formations

–    Parmi les personnes qui ont acheté les livres que j’avais recommandés pour se former seul, une petite poignée a utilisé les procédés mnémotechniques par la suite. Beaucoup les ont mal employés, déclarant qu’ils ne marchaient pas, pour rapidement les abandonner. En la matière, l’autoformation n’est en général pas efficace. C’est un peu comme acheter un livre de langues ou s’inscrire dans un MOOC : au bout de 2h, on arrête ! Apprendre est une compétence sociale.
–    Les formations de 6h que j’ai dispensées sur l’acquisition des procédés mnémotechniques n’ont pas donné de résultats satisfaisants (on dirait même «epic fail») lorsqu’ils étaient destinés à des groupes de collégiens ou lycéens – sans doute que mon approche systémique n’est pas adaptée à des formats courts-, mais de bons résultats lorsqu’ils étaient dispensés en sessions particulières à ce même public. En revanche, les formations plus longues (18 h et +) avec beaucoup d’exercices d’application ont donné d’excellents résultats, que ce soit en groupe ou en cours particuliers. Plus les formations ont été longues, plus les différents apprenants ont continué d’appliquer par la suite ce qu’ils avaient appris en cours, et cela s’est vu sur les résultats.
–    Coupler des stages intensifs avec des périodes de rappel d’1 ou 2h par semaine pendant quelques semaines semble être la meilleure solution pour l’acquisition des mnémoniques.

 

Le public

–    Les collégiens ont beaucoup apprécié l’emploi des loci, des « peg words », « chain systems » et des images mentales.
–    Les lycéens ont apprécié tout ce qui précède, mais aussi les exercices de catégorisation.
–    Les étudiants (lorsque je travaillais à Efesup, une prépa concours, ou à Bucknell, une université américaine) ont tiré un grand bénéfice de ces procédés. A noter que je n’ai fait qu’une séance de 2h par groupe.
–    Les adultes que j’ai formés (des CSP+) dans le cadre des stratégies de mémorisation, mais aussi ceux que j’ai coachés (des 50 ans+) dans le cadre de la stimulation cognitive ont tiré un grand bénéfice des procédés mnémotechniques.

 

Les matières

–    Très peu efficaces pour les mathématiques et la philosophie, à l’exception de tout ce qui est concret et qu’il faut apprendre par coeur;
–    Modérément efficaces pour les sciences de la matière (à l’exception des images mentales qui sont efficaces en toutes circonstances);
–    Très efficaces pour certaines parties du programme de PCEM1 et plus généralement en SVT, en biologie. Pour tout ce qui est de l’ordre de l’expérimentation, ce sont les images mentales qui sont efficaces ;
–    Très efficaces pour l’apprentissage du vocabulaire dans la langue natale et les langues étrangères. Mais très franchement, je ne crois pas que les interrogations sur le vocabulaire permettent de mesurer le degré d’acquisition d’une langue. Ceci dit, quand c’est couplé avec d’autres approches, c’est efficace. D’ailleurs, ma méthode de langues intègre les procédés mnémotechniques, la Direct Instruction, les travaux de Michel Thomas et quelques autres travaux ; j’y reviendrai.
–    Très efficaces pour les sciences humaines : histoire, économie, psychologie, (etc.), que ce soit dans l’apprentissage du cours (secondaire, universitaire, formation professionnelle) ou la structuration des idées en vue d’une production écrite (surtout pour les collégiens et les lycées ; les étudiants et adultes savent déjà structurer en général)

Je n’ai pas tout mis, mais surtout, ce qui est efficace, c’est l’adaptation des procédés mnémoniques au contenu à apprendre, et cela demande de la part de l’enseignant (du formateur ou du praticien) beaucoup de travail. Les solutions standards que l’on trouve dans les livres grand public fonctionnent certes, mais ont une portée très limitée.

Cependant, comme tout le monde n’a ni l’envie ni les moyens de s’offrir une formation ou d’en offrir une à ses enfants, voici une petite sélection d’ouvrages “grand public” que j’ai lus, et qui ne représentent naturellement qu’une petite partie de ce qui est disponible.

 

5. Bibliographie grand public, commentée

En France, le succès des livres de Tony Buzan ne cesse de se démentir. Même s’ils ne sont pas mauvais, il faut avouer qu’il y a bien mieux. La moitié des pages est peu utile et donne l’illusion d’ouvrages fournis. Je ne vais donc pas les citer.

(10) Harry Lorayne : How to Develop a Super Power Memory, 1957

Harry Lorayne est un véritable mnémoniste, il maîtrise donc parfaitement les techniques dont il parle. De plus, son livre a été publié bien avant ceux de Tony Buzan. Lorayne a publié d’autres livres depuis, mais je ne les ai pas lus.

(11) Dominic O’Brian : How to develop a perfect Memory, Dominic O’Brian, 1993

J’ai déjà parlé de cet auteur dans le précédent article.

(12) Alain Lieury, Une Mémoire d’Eléphant : Vrais trucs et Fausses astuces, Dunod, 2011

C’est sans doute le meilleur livre grand public en français sur les procédés mnémotechniques. Je regrette cependant le ton habituel de Lieury (qui transparaît malgré les efforts pour le dissimuler), alors que la mémoire et son fonctionnement recèlent encore d’infinis mystères, qu’une expérience est souvent invalidée par une autre, et qu’il existe plusieurs théories sur le sujet. Bref, il n’y a pas qu’une seule vérité scientifique, surtout en sciences humaines. Or la psychologie est une science humaine. Quant aux neurosciences, là aussi les choses ne sont pas simples : le réductionnisme ne fonctionne pas. Ce que l’on constate à une échelle (du neurone par exemple, ou du cicruit de l’information) ne permet pas de tirer automatiquement des conséquences sur le fonctionnement d’un système à une autre échelle, comme à l’échelle de l’individu ou de la société. Il existe d’autres disciplines que les neurosciences pour étudier l’individu et la société.

D’ailleurs, en parlant des scientifiques, Jacques Ninio (13) dit :
Peut-être qu’ils se sont égarés, en misant sur la doctrine simpliste selon laquelle la mémoire « n’est rien d’autre que » l’apprentissage, lequel « n’est rien d’autre que » du réflexe conditionné amélioré, tel qu’il est étudié chez les mollusques. En misant sur l’équation mémoire = apprentissage = dressage, la science contemporaine a évacué le problème de la mémoire.

(13) Jacques Ninio, Au cœur de la Mémoire, Odile Jacob, 2011

Ninio, c’est plus qu’un livre : une claque ! Mais ce n’est pas vraiment grand public, et cela n’est qu’indirectement en relation avec les procédés mnémotechniques.

Dans le prochain article, nous verrons ce qui est à la base des procédés mnémotechniques avant de les aborder en détail.

Note

Ce document est protégé par la législation sur les droits d’auteur mais un lien vers l’article est le bienvenu. Merci d’avance.

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