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Leçon 1, Chapitre 1
En cours

TC1.8. Qu’est-ce qu’une émotion ?

J’ai choisi d’introduire la formation en créant la surprise afin de provoquer une émotion, positive ou négative. C’est un choix arbitraire, il existe d’autres manières de commencer une formation.

Notons qu’en formation professionnelle, le tour de table traditionnel où chacun se présente, présente ses attentes est aussi un choix arbitraire, une convention. Certes, il en ressort des éléments positifs (l’importance de se familiariser avec les apprenants par exemple) mais au détriment d’autres éléments. Par exemple, on mémorise mieux le début et la fin d’une formation, il ne faudrait donc pas que l’apprenant ait essentiellement mémorisé le tour de table.

L’apprenant vient en formation pour apprendre le contenu certes, mais aussi pour vivre une expérience. Si cette expérience est marquante, unique, il mémorisera mieux le contenu. Le fond et la forme.

Vous cherchez des règles (comment introduire une formation par exemple), des formules toutes faites, des modèles à suivre pour concevoir vos formations ? Vous en trouverez peu ici, quand les modèles sont toujours insatisfaisants, ils correspondent à une situation précise et ne sauraient prétendre à l’universalité. En revanche, vous trouverez de nombreux éléments pour créer vos propres règles, vos propres modèles, qui enrichiront et transformeront votre approche. L’apprenant actif, c’est vous.

Les émotions nous gouvernent. Elles orientent notre décision ou notre jugement, cachent ou révèlent nos véritables objectifs, renforcent la mémorisation et sont au cœur des apprentissages.

Qu’est-ce qu’une émotion sur le plan scientifique ? Distingue-t-on l’émotion de l’humeur, de l’affect ? Cette distinction a-t-elle une importance pour les apprentissages, les softskills, le management des comportements ? Quelles sont les questions que vous vous posez sur les émotions ? Prenez le temps d’y penser et conservez-les à portée.

Sur le plan scientifique, il n’existe aucun consensus sur la définition d’une émotion, pas plus que pour le stress, la mémoire et bien d’autres éléments qui constituent notre monde et nous construisent.

On peut malgré tout s’accorder sur 3 définitions qui rassemblent de nombreux scientifiques :

  • Une émotion est un cocktail de neurotransmetteurs, ces « produits chimiques » que fabrique notre cerveau et qui convoient l’information du neurone présynaptique au neurone postsynaptique. La synapse étant le point de contact entre les neurones. Les émotions participent donc à la transmission de l’information au sein de notre cerveau, mais aussi à leur élaboration et consolidation.
  • Une émotion est aussi un langage non propositionnel, c’est-à-dire un langage vraiment très simple. Si ce langage est grossier (au sens de basique, simple ; il n’y a rien de péjoratif) et ne permet pas de formuler une pensée complexe à la différence du langage articulé, il est rapide.
  • L’émotion est enfin un signal qui nous alerte sur un déséquilibre entre le monde interne et le monde externe et qui va appeler une action. Ce signal nous alerte sur quelque chose de potentiellement important, soit parce que c’est une opportunité, soit parce que c’est un danger.  

Les émotions sont donc au cœur des apprentissages mais aussi des relations humaines. On différenciera également le fait d’éprouver une émotion et l’interpréter correctement. Dans une étude scientifique, on a présenté à des enfants et des adolescents des photos de personnes qui exprimaient différentes émotions ; les premiers ont mieux performé à cet exercice que les seconds. Cela peut avoir des implications dans la gestion de classe, et inciter à expliquer les émotions qu’on éprouve, reconnaître leur importance. Des erreurs dans l’interprétation d’une émotion d’autrui peuvent en effet provoquer des dissensions au sein du groupe ou rendre difficile le rapport entre enseignante et apprenant.


Emotions, Learning and the Brain, Exploring the Educational Implications of Affective Neuroscience

Mary-Helen Immordino-Yang est une psychologue spécialisée dans les neurosciences de l’apprentissage, et plus particulièrement les émotions. Elle a obtenu plusieurs distinctions, a été Présidente de l’IMBES (International Mind, Brain and Education Sciences), un périodique consacré à la neuropédagogie, et enseigne à l’Université. Elle a notamment travaillé avec Antonio Damasio.

Ce livre est une base pour comprendre comment les émotions peuvent impacter l’apprentissage. Il fait environ 200 pages, dont à peu près 60 de bibliographie et autres remerciements.

L’autrice est une véritable neuroscientifique, donc vous y trouverez effectivement de nombreuses références à la biologie du cerveau, ce qui peut sembler un peu obscur quand on entre tout juste dans ce domaine. Cependant, vous trouverez aussi des propos et réflexions sur leur portée en éducation. Mary-Helen Immordino-Yang présente aussi des expériences scientifiques intéressantes et distingue bien les hypothèses qu’elle ou ses collègues ont émis, et ce qui a été vérifié.

Ce livre n’est pas un guide pratique. Vous ne trouverez pas de méthode à appliquer. En revanche, avec un travail personnel, il vous permettra de comprendre certaines situations que vous avez vécues, et comment optimiser votre enseignement. C’est à vous de trouver les applications pratiques, en fonction des situations uniques que vous vivez, de leur interprétation unique, et qui ne correspondent pas à l’expérience de vos collègues.