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Leçon 1, Chapitre 1
En cours

TC1.14. De l’information à la connaissance, de la connaissance à l’expertise

Peut-être que le rôle d’un enseignant est de transmettre une information – de bonnes informations -mais aussi d’aider une apprenante à la transformer en connaissance.

Le graphique précédent illustre la différence entre l’information et la connaissance.

Le cœur est une information (ou un ensemble d’informations) qui m’est étrangère. Tout est information, de l’adn au tableau périodique des éléments. Nous-mêmes sommes des informations et produisons des informations. Percevoir le monde comme un ensemble d’informations en relations diverses aide énormément à comprendre, mémoriser, raisonner et être créatif. Nous y viendrons peu à peu.

Apprendre, c’est changer. Pas seulement changer le comportement (faire quelque chose) mais aussi modifier les représentations (ce que l’on pense de l’objet de nos pensées), plus indicible et plus difficilement évaluable.

Dans une greffe ou transplantation cardiaque, l’objectif est de faire accepter le corps du destinataire par cet organe étranger. Seulement, les éléments du corps du destinataire ont l’habitude de fonctionner ensemble. Ils forment un système.

Tout ce qui est étranger à un système provoque une modification de ce système. Souvent, il y a d’abord une période de rejet.

Comment réagiriez si une personne inconnue venait s’installer chez vous et faire de chez vous son chez lui. Comment réagissez-vous face à une idée nouvelle ?

Pour un apprenant, c’est pareil. Il va d’abord rejeter ce qu’il apprend ou au moins résister à ces éléments nouveaux. C’est une étape parfaitement normale.

Et on distinguera bien le changement apparent qui peut être dû à la capacité de la mémoire à retenir des informations, du changement réel qui se manifeste par une modification du comportement et des représentations. De nombreux travaux scientifiques ont en effet montré qu’on peut performer aux examens sans que les représentations n’aient changé. Par exemple des enfants pouvaient obtenir de bonnes notes à un examen sur la rotondité de la Terre, mais des psychologues qui les ont ensuite interrogés ont constaté qu’ils se représentaient la Terre comme un œuf sur le plat : ronde (le jaune d’œuf) et plate (le blanc d’œuf) en même temps. A leur représentation initiale issue de leur expérience personnelle (la Terre est plate), ils avaient ajouté la représentation issue de leurs cours. Mais ils ont fait un amalgame, ce que l’évaluation n’avait pas pu mettre en lumière. C’est un fait qui se produit très souvent et qui concerne les enfants, adolescents et adultes.

Apprendre est un processus qui prend beaucoup de temps et qui nécessite une transformation profonde. Sinon le changement est temporaire et lié à un contexte particulier, avec un guidage fort. Alors que l’objectif pour un apprenant est de pouvoir être autonome.

A la résistance – voire au rejet – des informations nouvelles va succéder une période d’assimilation et de réorganisation du système (c’est-à-dire « nous ») et qui conduira à l’expertise.

Selon K. Anders Ericsson, un psychologue spécialiste de l’expertise, il faut 10 ans pour devenir un expert dans un domaine, par la pratique délibérée. Je reviendrai sur les travaux d’Ericsson et cette notion de pratique délibérée.